Les conséquences des manifestations à Kiev

Note de l'éditeur : Le 20 février, l'Ukraine a vécu l'une de ses journées les plus tragiques de ces derniers temps lorsque des dizaines de manifestants antigouvernementaux ont été tués par les forces de sécurité près de la place centrale de Kiev.connu sous le nom de Maidan. Une centaine de personnes ont été tuées. Dans ce billet invité, le dessinateur urbain local Natalia Litvinenko décrit son expérience ce jour-là et partage les croquis qu'elle a réalisés sur la place et aux alentours après le massacre.

Le 22 février 2014. Les marques de pneus brûlés étaient encore fraîches sur la chaussée alors qu'un passant s'arrêtait pour réfléchir à la scène. La vue de hérissons antichars acérés contrastait avec la forme douce d'un drapeau ukrainien flottant sur un arbre sans feuilles.

Le 22 février 2014. Des casques orange portés par des manifestants gisaient sur un mur de pavés. Un autre signe de la violence était visible en arrière-plan : Les murs et les fenêtres brûlés du bâtiment du syndicat.

22 février 2014 . Les restes de bidons de cocktails Molotov et les tas de pavés qui ont servi d'armes sont devenus le sujet d'une nature morte improvisée.

Le 22 février 2014. Les gens ont apporté des fleurs pour se souvenir des victimes.

Par Natalia Litvinenko

Le système de métro était fermé, peu de bus circulaient et il était impossible de héler ou de téléphoner à un taxi. Beaucoup de gens ne possèdent pas de voiture ici, ils ont donc dû faire du stop pour se déplacer. Mon ami a dû marcher cinq kilomètres dans la neige pour rentrer chez lui. La messagerie électronique de mon bureau était remplie de messages de personnes proposant de raccompagner ceux qui en avaient besoin.

Puis les bureaux ont été fermés et on nous a demandé de travailler à la maison "jusqu'à ce que la situation se stabilise", car il était très dangereux de sortir. Des voyous engagés par le gouvernement se promenaient, saccageaient la ville et battaient les gens. Certains hommes patrouillaient dans les quartiers pour protéger les gens de ces voyous, d'autres allaient à Maidan et aidaient dans la mesure du possible. Ils apportaient de la nourriture, des vêtements chauds, et déterraient des pavés pour les utiliser comme armes. Ils ont également apporté des casques et des bouteilles pour faire des cocktails Molotov. Ils ont aussi brûlé des pneus en espérant que la fumée les protégerait des snipers pro-gouvernementaux qui leur tiraient dessus.

Le 22 février 2014, deux jours après les tristes événements, je me suis rendu à Maidan pour voir la scène de mes propres yeux. De la terre noire et des cendres de pneus brûlés couvraient le sol nu. À certains endroits, on pouvait encore voir des taches de sang. Des milliers de personnes ont apporté des fleurs et des bougies pour se souvenir des victimes. L'odeur du bois brûlé que les manifestants utilisaient pour se réchauffer était encore présente dans l'air.

Aujourd'hui, la situation est beaucoup plus sûre et stable. Nous espérons un avenir meilleur alors que notre pays se rassemble à nouveau. Mais il y a toujours des barricades dans le centre de Kiev et les gens se souviennent encore des "Cent Célestes", comme on appelait les manifestants tombés au combat.

Le 6 avril, j'ai réalisé le dernier croquis (ci-dessous). Deux mannequins habillés comme des manifestants et un tas de pneus sont maintenant un soi-disant monument pour rappeler pourquoi les gens se sont levés et ce pour quoi ils se sont battus. L'écriture sur le récipient dit "Partagez la chaleur [avec les autres]". L'autre indique "Les héros ne meurent pas".

Le 6 avril 2014. Un monument de fortune rend hommage aux vies perdues lors des manifestations de février.

Natalia Litvinenko travaille comme rédactrice technique pour une société de logiciels et dessine pendant son temps libre. "Je n'ai pas de formation artistique, mais l'art est ma passion, quelque chose que j'aime faire plus que tout", dit Natalia. Elle a récemment commencé un groupe flickr pour les dessinateurs urbains en Ukraineet c'est son premier article pour UrbanSketchers.org.

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Vous souhaitez contribuer à un article invité ? Envoyez un courriel à Gabriel Campanario, directeur éditorial de l'USk, à l'adresse suivante gabi@urbansketchers.org.

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